Versailles attire les géants mondiaux de l’industrie et de la tech

30/05/2025

On connaît Versailles pour son château, on oublie souvent que l’agglomération fait vivre près de 134 000 salariés. Entre géants de l’aéronautique, start-up de la transition écologique et grands événements internationaux comme Choose France, Versailles joue aujourd’hui dans la cour des territoires qui comptent en Europe.

Avec près de 274 000 habitants répartis sur dix-huit communes, la communauté d’agglomération Versailles Grand Parc (VGP) s’affirme comme l’un des principaux pôles économiques de l’Ouest francilien. Tirée par la ville de Versailles elle-même, qui dépasse 83 900 habitants en 2022 avec une densité de population trois fois supérieure à la moyenne nationale, l’agglomération se distingue par sa capacité à attirer plus d’emplois qu’elle ne compte d’actifs résidents. En 2021, elle comptabilisait 133 939 emplois pour 123 484 actifs, traduisant un indice d’attractivité de 108,5, bien supérieur à celui de nombreux territoires franciliens.

La démographie y est équilibrée : près de 60 % des habitants ont entre 15 et 59 ans, garantissant une dynamique intergénérationnelle favorable au renouvellement des compétences. Cet écosystème attire aussi bien les grandes entreprises que les start-up en pleine expansion.

Grands groupes : les piliers de l’aéronautique, de la défense et de l’industrie

Véritable locomotive industrielle, Versailles Grand Parc s’appuie sur une concentration unique de grands groupes stratégiques.

Safran, premier employeur privé des Yvelines, continue d’afficher une solide croissance avec 7,26 milliards d’euros de chiffre d’affaires au premier trimestre 2025, en hausse de 16,7 %. Le motoriste aéronautique bénéficie du dynamisme de l’après-vente civile et de la robustesse de ses activités de défense. Thales, basé à Élancourt, suit la même trajectoire avec 5 milliards d’euros de chiffre d’affaires, porté par une progression de 12,2 %, et une activité défense en forte croissance (+16,5 %).

Sur le plateau de Satory, KNDS France (ex-Nexter), spécialisé dans les blindés terrestres, poursuit la montée en puissance du programme Scorpion, essentiel au renouvellement des équipements de l’armée de Terre. À ses côtés, Arquus, également impliqué dans ce programme stratégique, consolide ses positions sur les marchés français et internationaux.

L’industrie numérique et automobile n’est pas en reste. Dassault Systèmes a récemment agrandi son campus de Vélizy-Villacoublay de 27 500 m², pour accompagner la croissance de ses activités de recherche et développement. Non loin, Stellantis maintient une présence forte avec 5 800 ingénieurs sur son site de Vélizy, tout en préparant une réorganisation majeure de ses sites tertiaires autour du futur hub de Poissy, qui devrait accueillir plus de 8 000 salariés à terme.

Inovel Parc : un quartier d’affaires à vocation technologique

Situé à Vélizy-Villacoublay, Inovel Parc constitue l’une des vitrines économiques majeures de l’agglomération. Le site rassemble 43 000 salariés et plus de 1 000 entreprises sur 450 000 m² de bureaux. Connecté au tramway T6, à l’A86 et bientôt à la ligne 18 du Grand Paris Express, il rivalise avec les grands pôles tertiaires de l’Ouest parisien.

Ce quartier d’affaires se distingue par la diversité de ses filières : aéronautique, automobile, numérique, services à haute valeur ajoutée. Une combinaison rare qui en fait un levier stratégique pour l’économie régionale.

La dynamique start-up : l’innovation au service des transitions

À côté des grands groupes, une nouvelle génération d’entreprises innovantes émerge, souvent orientée vers les technologies de rupture et la transition écologique.

À Saint-Germain-en-Laye, iXcampus a obtenu la prestigieuse certification B Corp, saluant son modèle économique mêlant deep-tech et écologie industrielle. C’est également là qu’a été incubée RBX Créations, qui présentera en mai sa fibre cellulosique Iroony, une alternative écologique au coton et au polyester, fabriquée à partir de chanvre alimentaire recyclé.

À Buc, Hapster, spin-off de Safran, déploie une solution de formation industrielle par vidéo enrichie d’intelligence artificielle, permettant d’accélérer l’intégration des techniciens et ingénieurs. Enfin, Exail Technologies, à Saint-Germain-en-Laye, renforce la filière robotique navale avec ses drones sous-marins autonomes UMIS, récemment retenus dans le cadre d’un contrat stratégique de plusieurs centaines de millions d’euros.

Choose France : Versailles, vitrine de l’attractivité économique nationale

Depuis 2018, le sommet international Choose France fait de Versailles une scène mondiale de l’attractivité française. En 2024, 56 projets représentant 15 milliards d’euros d’investissements et 10 000 emplois ont été annoncés depuis le château de Louis XIV. L’édition 2025, prévue le 19 mai, devrait battre ce record, avec un accent particulier sur le tourisme, le patrimoine et l’audiovisuel.

L’événement attire 200 dirigeants internationaux, dont 40 % d’Européens et 19 % d’Américains, et permet aux PME locales d’accéder à une visibilité et à des opportunités de partenariat inédites.

Quels leviers pour façonner l’économie francilienne de demain ?

Diversification sectorielle

La coexistence de l’aéronautique, de la défense, de l’industrie numérique et des cleantechs permet à Versailles Grand Parc d’amortir les cycles économiques et d’ancrer son développement sur plusieurs filières stratégiques.

Montée en gamme des compétences

Avec 36 % d’emplois cadres en 2021, le territoire accélère sa montée en qualification, confirmant son rôle de laboratoire de la réindustrialisation décarbonée.

Mobilités et infrastructures

L’arrivée prochaine de la ligne 18 du Grand Paris Express et la modernisation de l’A86 renforceront encore l’accessibilité du territoire, consolidant sa position de cluster d’envergure européenne.

Formation et attractivité des talents

Les collaborations entre grands groupes, start-up et établissements comme l’UVSQ et l’ESTACA visent à répondre à la pénurie d’ingénieurs et de techniciens dans les domaines clés comme l’électromécanique et l’intelligence artificielle.

Amaury Dugardin

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